J-2
Un petit dernier pour la route...
La semaine a été chargée: encore des heures supp, encore un rythme inhumain, encore des textes et des textes et encore des textes à n'en plus finir... Mercredi, pot d'adieu, une bonne soirée avec mes compagnons d'infortune. Enfin y en a qui se complaisent là-dedans depuis des années, faut pas croire, mais y a aussi 3 personnes qui ont moins d'un mois d'ancienneté. Une jeune traductrice dont c'est le 1er emploi m'a demandé si j'avais un conseil pour son avenir chez Lexi-tech. Je lui ai dit de courir, file pendant qu'il en est encore temps ma fille... Anyway. Jeudi soir, malgré les rotules qui commençaient à avoir du mal à tenir depuis le temps qu'on est dessus, on a pris une dernière fois la route encombrée et bouchonneuse de la Place Banque Scotia. Et on en a eu pour notre argent: 11 buts, 19 682 spectateurs (guichets fermés) et un épinglage de la meilleure équipe de NHL (normalement on doit dire LNH en bon français canadien, mais j'ai décidé de reprendre toutes les mauvaises habitudes européennes de suite) en prime, 6-5, respect les Sénateurs.
Hier, c'était le dernier jour d'école de Maxime, SuperPapa avait préparé des cornets pour tous les copains... Maxime a reçu aussi plein de dessins, de photos préparées par les maîtresses... ça a été dur de le voir dire au revoir à son super copain Joshua. Mais les enfants ont cette fabuleuse capacité à passer à autre chose. Pour nous, il y aura des mails, des tentatives de rester en contact, il y a ces promesses sûrement vaines de se revoir, ici ou en Suisse. Pas de ça pour Maxime. Peut-être qu'on devrait faire pareil, c'est tellement plus réaliste finalement.
Les valises se remplissent, l'appartement n'a plus grande allure, on campe entre les matelas gonflables et les bouts de mousse... Ce matin, une de mes collègues françaises sous-équipées est venue récupérer la moitié de la cuisine; on s'est débarrassé de la voiture en début d'après-midi après quelques déboires. Il semble que notre mentalité européenne soit un peu gentille, voire naïve, ici on ne compte plus les lapins qu'on nous a posés et les gens qui se défilent sans prévenir. Reste une autre collègue française sous-équipée (oui, c'est monnaie courante chez Lexi-tech, y a que ceux qui ont vraiment besoin d'un permis de travail qui acceptent ces conditions de barge, et après, z'ont pas le salaire pour s'offrir des casseroles, qu'est-ce que tu veux...) qui vient nous défaire de quelques jouets que nous n'arriverons pas à emporter, et vole le Boeing (j'avais mis "vogue la galère", mais je me suis rendue compte que ce n'était pas des plus approprié). 2 jours donc. Enfin un et demi, parce que si impatients d'être dans l'avion, nous serons probablement à l'aéroport pour le dîner lundi ;-).
Merci à tous pour vos messages; j'espère que le blog ne vous manquera pas trop. En même temps si j'avais eu la même production qu'au début, ça aurait été plus dur, là je vous ai bien déshabitués non? Pour nous aussi c'est dur, parce que sa clôture est comme une preuve évidente que le chapitre de notre vie au Canada se termine. Il y a toujours quelque chose de paradoxal à la fin d'un chapitre comme celui-là: le soulagement que tout se soit bien passé, le bonheur de retrouver les gens et les choses qui nous ont manqués, et la tristesse de quitter ce qui nous plaisait ici. Mais quel que soit le temps qu'il nous faudra pour mettre tout ça en ordre et nous retrouver dans nos sentiments contradictoires, nous serons toujours heureux. Certains nous ont dit qu'on était courageux, d'autres qu'on était inconscients, voire fous. Pour se lancer dans une histoire pareille, peut-être faut-il l'être. En tous cas, nous avions une envie, un rêve, nous sommes allés au bout et nous en sommes fiers.
A bientôt, en "vrai"